Accompagnés d’un animateur scientifique et de philosophes de renom, découvrez les enjeux des limites en philosophie
À partir du 27 septembre 2021
Groupe de travail animé par
Francis Wolff
« Une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites… ». La plaisanterie (trop) souvent citée d’Alphonse Allais cache une vraie angoisse. Car le sentiment dominant face à l’évolution des idées et des mœurs est qu’il n’y a plus de limites claires.
Que devient la différence entre le masculin et le féminin à l’époque de la transidentité et des non-binaires ? Entre humanité et animalité, à l’heure de l’antispécisme ? Entre démocratie et dictature, quand les mouvements de citoyens en demandent toujours plus ? Entre le naturel et l’artificiel, quand on parle d’« homme augmenté » et d’« intelligence artificielle » ? Entre ce qu’on peut dire et ce qu’on ne peut pas dire, si chacun peut s’estimer blessé et si tout le monde craint d’offenser ? Et même entre le vrai et le faux, à l’époque des rumeurs complotistes sur les réseaux sociaux ?
Nous ne vivons plus seulement une « crise », qu’elle soit économique, sociale ou sociétale ; nous vivons une époque de mutations qui repoussent les limites, autrefois claires, entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le juste et l’injuste. Quelles conséquences pour nos vies et celles de nos organisations ?
Ces questions, nous les poserons lors de trois rencontres avec quelques-uns des philosophes français les plus écoutés et les plus créatifs : Roger-Pol Droit, Monique Atlan, Manon Garcia et André Comte-Sponville. Elles seront introduites, conduites et conclues par Francis Wolff. Celui-ci analysera ces déplacements incessants de limites naguère immuables, ainsi que les résistances qu’ils rencontrent, à la lumière de la révolution anthropologique inachevée et inachevable que connaissent les pays occidentaux depuis les années 1960 : révolution hédoniste, individualiste et libérale, qui fait de la quête du bonheur, de la liberté et de la souveraineté individuelle les valeurs suprêmes.
27 septembre 2021
19h-21h30
Pratiquement tous les conflits et débats de notre époque tournent autour de la question des limites. De la pandémie aux préoccupations écologiques, du transhumanisme aux transgenres, du désir d’ordre aux populismes, une crise des limites constitue le fil rouge de l’actualité.
Cette crise est singulière, car elle est liée à l’émergence du rêve récent d’effacement de toutes les limites qui succède à leur respect dans l’Antiquité et à leur dépassement dans les Temps Modernes. Cette annulation des limites suscite par contrecoup, en miroir, leur réimposition rigide, autoritaire, punitive. L’impasse naît du fait que les adversaires partagent une même notion fruste des limites comme barrières étanches, à supprimer ou à renforcer. Et si, pour sortir de cette impasse, il fallait d’abord repenser la notion même de limites, restituer sa complexité et ses nuances, et lui rendre finalement son épaisseur politique ?
11 octobre 2021
19h-21h30
Il y a quatre ans, l’affaire Weinstein et le hashtag #MeToo ont donné lieu à une prise de conscience de l’importance des violences sexuelles commises par les hommes et à un regain du mouvement féministe. Dans le même temps, des voix se sont élevées pour se demander si ce mouvement signait la fin de la « galanterie à la française » et, plus largement, d’une certaine entente entre les sexes.
Au-delà des polémiques, une question fondamentale se pose : comment penser les rapports entre les hommes et les femmes après #MeToo ? Cette question est à la fois théorique et pratique et nous utiliserons une approche philosophique pour décrire les effets de la domination masculine sur les rapports entre les hommes et les femmes, avant de montrer comment une nouvelle conversation entre hommes et femmes, joyeuse sans être oppressive, peut être envisagée.
15 novembre 2021
19h-21h30
« Le marxisme est l’horizon philosophique indépassable de notre temps », disait Jean-Paul Sartre en 1960. Pour André Comte-Sponville, il avait sans doute tort. Il propose pourtant trois formules, décalquées de la sienne, qu’il estime vraies : le marché est l’horizon économique indépassable de notre temps ; la démocratie est l’horizon politique indépassable de notre temps ; l’humanisme est l’horizon éthique indépassable de notre temps.
Il s’agit dans les trois cas d’un idéal régulateur plutôt que d’une réalité déjà constituée (le propre d’un horizon, c’est qu’on ne peut l’atteindre : il se déplace en même temps que nous). Il n’y aura jamais de marché parfait, ni de démocratie absolue, ni d’humanisme pleinement réalisé. Mais l’essentiel est ailleurs : dans l’idée que chacun de ces trois horizons n’est pensable qu’à condition qu’on en perçoive les limites (un horizon illimité n’en serait plus un).
Limites non-marchandes et non-marchandables, pour le marché ; limites non-démocratiques, pour la démocratie ; limites à la fois non-humaines et trop humaines, pour l’humanisme. Ces trois limitations, prises ensemble, permettent de penser – y compris contre les tentations transhumanistes – l’humanisme qui correspond, pour André Comte-Sponville, aux besoins de notre temps : un humanisme de la finitude.
Tous les managers partageant une volonté d’ouverture à de nouveaux concepts, un goût pour la réflexion et la confrontation de points de vue
Compte rendu des échanges
Professeur émérite à l’École normale supérieure (Paris), dont il a longtemps dirigé le département de philosophie, les travaux de Francis WOLFF ont d’abord porté sur la philosophie ancienne (Socrate, PUF, 1985 ; Aristote et la politique, PUF, 1991 ; Penser avec les Anciens, Pluriel, 2016) ou la métaphysique (Dire le monde, PUF, 2004, réédition augmentée Pluriel, 2020). C’est l’interrogation sur le propre de l’homme qui est devenue centrale depuis Notre humanité.
D’Aristote aux neurosciences, que ce soit dans ses livres sur la musique, sur l’amour, sur l’humanisme et ses fondements. Il publie à l’automne 2021 un livre de synthèse (Le monde à la première personne, Entretiens avec André Comte-Sponville). À la même date paraît un ouvrage qui lui est consacré : Le monde selon Francis Wolff, par Alain Policar (Garnier).
Monique ATLAN a été journaliste puis rédactrice en chef à France 2 puis elle a produit différents programmes courts littéraires dont Un livre, des livres et Dans quelle étagère.
André COMTE-SPONVILLE, est l’un des philosophes français les plus lus et les plus traduits dans le monde. Il fut longtemps maître de conférences à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et membre du Comité consultatif d’Éthique.
Manon GARCIA, est ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée de philosophie et titulaire d’un doctorat sur « la soumission consentie ». Elle est actuellement professeure de philosophie à l’université de Yale.
Roger-Pol DROIT est philosophe et écrivain. Normalien, agrégé, docteur en philosophie et habilité à diriger des recherches, il a été chercheur au CNRS, enseignant à Sciences Po, conseiller du directeur de l’Unesco.
3 séances de 2h30, soit 7h30 heures en totalité
Apprécier la maïeutique et le dialogue entre pairs
Les sessions en distanciel se dérouleront sur Teams.
Les sessions en présentiel se dérouleront à l’Anvie au 8 rue d’Athènes 75009 Paris. Les locaux sont accessibles aux personnes en situation de handicap.
Notre référent Handicap est disponible au 01 42 86 68 80 afin d’identifier avec vous les adaptations nécessaires à votre participation.