Formation
Tout le monde pense savoir comment susciter l’engagement. Et chaque organisation y va de sa propre recette : un peu de team building, un peu de feedback, une dose d’autonomie.
Mais malgré ces efforts, les résultats restent faibles : seuls 7 % des salariés français se déclarent engagés dans leur travail (Gallup, 2024). Et ce chiffre diminue encore chez les jeunes, les femmes et les managers, pourtant au cœur des politiques d'engagement.
Ce désengagement n’est pas sans conséquence. Il se traduit concrètement par une performance en berne, une démobilisation des collectifs, une montée des tensions… et un absentéisme devenu structurel.
Face à ce paradoxe, ce cycle propose de sortir du flou, de dépasser les fausses évidences, et d’outiller les acteurs de terrain pour renouer avec des formes d’engagement durables, réalistes et situées.
Il ne s’agit pas d’opposer les « engagés » aux « désengagés », mais de mieux comprendre ce qui soutient ou fragilise l’envie de s’impliquer au fil du temps, ce qui alimente la mobilisation… ou la fait décroître.
En croisant les apports de la recherche et des retours d’expérience, ce cycle vise à :
Cette formation propose d’aiguiser ses capacités d’action, pour retrouver de la prise sur un sujet aussi central que sensible : ce qui donne, ou redonne, envie de faire au travail.
Objectifs de la séquence :
L’engagement est devenu un mot d’ordre. Il structure les politiques RH, nourrit les indicateurs, déclenche des plans d’action. Pourtant, les formes de retrait se multiplient, souvent diffuses, peu visibles, mais profondément structurantes dans les organisations. À force de vouloir « réengager » à tout prix, ne passe-t-on pas à côté de ce qui, concrètement, soutient ou freine l’envie de faire ?
Cette première séance propose un temps de mise à plat, pour mieux comprendre ce que recouvre la notion d’engagement. En repartant du réel, celui des pratiques, des vécus, des tensions, elle explore les logiques de retrait, d’ajustement, ou d’adhésion à bas bruit. L’objectif n’est pas de redéfinir l’engagement pour lui-même, mais de poser les bases d’une lecture lucide, située et actionnable de ce qu’il est devenu dans les organisations.
Serge Perrot, Directeur du Master Dauphine Conseil & Innovation en Management (CIM), Professeur des Universités à Paris Dauphine, membre du Cercle de l’Innovation (M Lab)
Spécialiste de l’engagement, Serge Perrot mobilisera les résultats de l’étude 2024 de l’Observatoire de l’Engagement, qu’il a co-menée auprès de 261 salariés. Il y propose une typologie fine des formes d’adhésion au travail (engagés relationnels, rebelles, isolés…) et met en lumière les limites d’une lecture uniforme. Il interrogera les conditions concrètes dans lesquelles l’engagement peut se déployer, en insistant sur le rôle central du travail réel.
Denis Migot, Chief of Staff - Product, Fabriq ; Fondateur & Host du podcast Zéro Virgule
Chief of Staff dans une start-up en croissance rapide, Denis Migot s’appuie sur une double expertise : celle des organisations en transformation, et celle de l’observation critique du travail contemporain. À travers son podcast Zéro Virgule, il donne la parole à des chercheurs en sciences sociales pour interroger les récits dominants du monde du travail. Il proposera un regard lucide, mais constructif, sur les confusions autour du mot « engagement », et sur les effets concrets de certains dispositifs censés le favoriser.
Objectifs de la séquence :
Et si les entreprises cherchaient au mauvais endroit ?
Tout semble fait pour favoriser l’engagement : coaching, reconnaissance, flexibilité… Mais plus les dispositifs se multiplient, plus le sentiment d’essoufflement s’installe.
À force de vouloir créer du sens, de la cohésion, de la motivation à tout prix, l’engagement devient un impératif émotionnel, voire un diktat du bonheur, qui passe à côté de l’essentiel : ce que le travail rend possible, et ce qu’il permet de saisir de sa place et de son impact
Cette séance propose de faire le tri entre ce qui soutient réellement l’adhésion, et ce qui l’épuise. Comment engager sans suractiver ? Comment soutenir sans standardiser ? Et surtout : comment redonner aux collaborateurs la possibilité de se situer, d’agir, et de retrouver leur "truc à eux" ?
Matinée - Quand forcer l'engagement crée de la distance (9h30-12h30)
Xavier Philippe, enseignant chercheur en sociologie du travail à l’EM Normandie
Beaucoup d’organisations misent sur le team building pour raviver l’engagement. Mais que révèle cette obsession du lien quand le travail réel reste inchangé ?
Xavier Philippe analysera comment ces dispositifs, souvent standardisés, peinent à mobiliser et peuvent même créer un malaise quand ils semblent plaqués et déconnectés des attentes. Il montrera notamment comment certaines entreprises projettent sur des publics comme les jeunes une attente de collectif ou de reconnaissance émotionnelle, alors que leurs attentes portent souvent ailleurs : sur la clarté du cadre, la coopération utile, la possibilité de contribuer à quelque chose de tangible.
Après-midi - Quand forcer l'engagement crée de la distance (13h30-17h30)
Xavier Philippe, enseignant chercheur en sociologie du travail à l’EM Normandie
Xavier Philippe interviendra à nouveau pour interroger un autre impensé des démarches d’engagement : leur tendance à individualiser la responsabilité de "tenir", de "donner du sens", de "rester motivé".
Il proposera une mise en tension de cette approche psychologisante, souvent culpabilisante, et et rappellera qu’on ne peut pas demander aux individus de “s’engager” si les conditions de travail ne le permettent pas : charge floue, process rigides, absence de reconnaissance… C’est là que ça se joue. L’engagement ne se décrète pas en soi, il se construit dans des collectifs solides, des règles claires, des échanges utiles et la possibilité de contribuer concrètement à quelque chose qui fait sens.
Il s’agira ici de relier engagement et conditions d’action, plutôt que volonté et attitude.
Paul Chalabreysse, Coordinateur, Les Collectifs
Paul Chalabreysse explorera comment les collectifs de salariés favorisent un engagement ancré dans la transformation des pratiques professionnelles. Coordinateur du réseau "Les Collectifs", il illustrera comment ces initiatives permettent aux collaborateurs de questionner et d'améliorer concrètement leurs méthodes de travail pour répondre aux enjeux écologiques et sociaux, renforçant ainsi leur pouvoir d'agir au sein de leurs organisations.
Un temps collectif structuré autour de trois séquences, à partir de cas réels :
Paul Chalabreysse est coordinateur général du réseau Les Collectifs, qui fédère plus de 120 groupes de salariés engagés pour l’écologie dans leurs organisations. Il accompagne ces collectifs dans leurs actions concrètes sur les pratiques, les métiers et parfois la gouvernance, en renforçant leur capacité d’agir depuis le travail réel. Son approche éclaire les formes d’engagement qui émergent en dehors des dispositifs institués, et les leviers collectifs de transformation dans les entreprises.
Denis Migot est Chief of Staff chez Fabriq, où il pilote la transformation de l’organisation après avoir structuré l’équipe produit à la suite de deux levées de fonds majeures. Il est le fondateur du podcast Zéro Virgule, qui croise sciences sociales et récits de travail pour interroger les normes professionnelles dominantes. Son parcours mêle culture produit, innovation et engagement pour un travail plus conscient et plus humain.
Serge Perrot est professeur à l’Université Paris Dauphine - PSL et directeur du master Conseil et Innovation en Management. Il est spécialiste de l’implication et du désengagement au travail, des formes d’autorité managériale et des figures critiques de l’engagement professionnel. Membre du Cercle de l’Innovation et de l’Observatoire de l’Engagement, il mène des recherches de terrain qui éclairent les tensions entre trajectoires individuelles, normes organisationnelles et quête de sens.
Xavier Philippe est professeur associé en sociologie du travail à l’EM Normandie, qu’il a rejointe en 2015. Docteur en sciences de gestion et sociologie du travail (CNAM–ESCP), il travaille sur l’institutionnalisation des outils de gestion, l’imaginaire organisationnel et les dynamiques d’engagement au travail. Ses recherches interrogent la place des jeunes diplômés dans l’entreprise, les formes de désaffiliation et les tensions entre esthétisation du travail et rapports utilitaristes à l’organisation. Il est l’auteur de plusieurs publications académiques sur les mutations contemporaines du lien au travail.
Ouverte à tous les cadres d’entreprise, cette formation s’adresse en priorité aux directeurs et responsables des ressources humaines, ainsi qu’aux managers, responsables de l’engagement, de l’expérience collaborateur ou de la qualité de vie au travail. Elle intéressera également les professionnels en charge de l’accompagnement du changement, du dialogue social ou de la transformation managériale.
10h00
Le déjeuner est inclus dans ce tarif.
Aucun.
Cette formation se déroulera dans Paris intra-muros. Le lieu de la formation vous sera communiqué lors de l'envoi des convocations. Les locaux sont accessibles aux personnes en situation de handicap.
Notre référent Handicap est disponible au 01 40 48 63 72 afin d’identifier avec vous les adaptations nécessaires à votre participation.
Pour tout renseignement complémentaire concernant cette formation, contactez Didier Davillars au 07 82 29 95 40
ou par mail : didier.davillars@anvie.fr