Formation
Longtemps cantonnée aux romans de science-fiction et aux laboratoires de chercheurs en mathématiques, l’intelligence artificielle a fait une irruption fracassante dans la société civile avec le lancement de ChatGPT en 2022, qui fait l’objet d’une adoption aussi rapide que massive (400 millions d’utilisateurs hebdomadaires aujourd’hui). D’autres IA génératives générales (Deepseek, Gemini, Le Chat, Claude…) ont depuis été lancées, ainsi que des IA plus spécialisées conçues et entraînées pour, par exemple, produire des images ou faire des Powerpoint.
L’utilisation de l’IA dans les entreprises n’est pas neuve, et nombre d’entre elles – tel M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir – utilisaient, ou avaient déjà testé, des solutions de type « big data », « data mining », « machine learning » dans des applications liées à l’automatisation de processus, de détection de tendances, d’algorithme de recommandation, etc. Mais les IA génératives marquent une nouvelle étape : d’une part, les collaborateurs sont nombreux à utiliser les IA dans leur travail quotidien, parfois sans le dire à leurs managers. D’autre part, toutes les grandes organisations décident d’investir dans des projets où l’IA est présente, sans que les cas d’usage réalistes et les bénéfices attendus soient clairement identifiés.
Les déceptions ne sont donc pas rares, d’autant que les budgets engagés sont importants. Et, comme pour d’autres révolutions technologiques précédentes, les débats autour de l’IA sont fortement polarisés : certains la voient comme une immense menace pour l’emploi et le travail alors que d’autres y perçoivent une opportunité pour libérer du temps et stimuler la créativité.
Deux ans et demi après le lancement de ChatGPT, l’IA reste mal connue : d’où vient-elle, comment fonctionne-t-elle, que peut-elle faire ? Représente-t-elle une rupture ou s’inscrit-elle dans un continuum d’innovations ? Et, surtout, quel impact sur les organisations, les compétences, leur capacité à innover ?
Animée par Thierry Rayna, professeur de l’École polytechnique, chercheur au laboratoire CNRS i3 et directeur de la chaire Technology For Change, cette formation vise à dépasser les clichés et la « hype », identifier les conditions de réussite d’un projet à base d’IA et mesurer l’impact réel de l’IA sur les organisations.
Objectif de la séance : comprendre les fondamentaux des IA génératives, identifier leurs applications
Cette première séance permettra de mieux comprendre ce que l’on entend par l’intelligence artificielle : si l’IA est un ensemble de techniques de calcul et de statistiques extrêmement puissantes, elle représente surtout une évolution technologique susceptible de transformer les modes de production, les business models, le management de l’innovation, voire le travail en tant que tel.
Nous nous intéresserons également aux applications (sur la compétitivité et l’innovation en particulier) et aux impacts économiques. Il s’agira enfin d’identifier les facteurs de réussite d’un projet à base d’IA : faut-il se contenter d’investir dans une technologie ou, à l’inverse, repenser son organisation, ses processus, ses méthodes d’innovation ? L’IA est-elle une révolution en tant que telle ou, plutôt, un catalyseur de changement ?
Thierry Rayna, professeur de l’École polytechnique, titulaire de la Chaire Technology for Change, Institut Polytechnique de Paris
Thierry Rayna dressera un large panorama des IA : définition du terme, catégories (IA génératives vs. IA discriminatives), applications, impacts sur la productivité, la compétivivité, l'innovation... et les conditions de réussite. Thierry Rayna montrera notamment que le simple fait d'investir dans des IA ne garantit en aucun cas le succès de celles-ci : c'est l'organisation interne, les processus décisionnels qu'il faut repenser. C'est, aussi, une culture de l'expérimentation qu'il faut autoriser.
Objectif de la séance : identifier les principaux enjeux techniques liés aux IA et les conditions de leur dépassement
Si les opportunités offertes par l’IA sont manifestes, celle-ci ne sait pas tout faire. Les défis techniques restent en effet extrêmement nombreux : qualité des données, robustesse et sécurité des systèmes d’IA, stabilité, fiabilité des modèles…
Cette deuxième séance permettra d’identifier les principaux enjeux d’un point de vue technique et de comprendre comment ceux-ci peuvent être dépassés : mise en place de protocoles rigoureux pour la collecte et le traitement des données, collaboration entre chercheurs et ingénieurs pour sécuriser les outils sur le long terme, etc. Nous en déduirons quelques bonnes pratiques à respecter pour que les projets à base d’IA dépassent le stade du POC et produisent les résultats attendus.
Vicky Kalogeiton, maître de conférences habilitée à diriger des recherches en Computer Vision, affiliée au Laboratoire VISTA, École polytechnique
Les travaux de Vicky Kalogeiton portent sur les modèles de génération d’images multimodaux, permettant notamment de convertir du texte ou de la voix en images. Elle partira de ses recherches pour explorer les défis et limites techniques posés par les IA génératives.
Jean-Loup Loyer, Chief Data & AI Officer, Eramet
Eramet a déployé plusieurs projets à base d'IA, notamment dans le champ de la maintenance prédictive au Gabon ou dans l'optimisation des procédés en Norvège. Un de ces projets, dédiés à la maintenance prédictive des voies de chemin de fer du Transgabonais, a été récompensé par Republik Data & IA. Jean-Loup Loyer présentera ces différents projets et les difficultés techniques afférentes.
Objectif de la séance : comprendre les impacts potentiels des IA sur l'organisation et le fonctionnement des entreprises
Alors que l’impact potentiel de l’IA sur les systèmes productifs et les métiers a déjà fait l’objet de nombreuses études, nourrissant promesses et imaginaires, cette séance vise à dépasser les clichés encore largement répandus. Elle montrera que l’IA, loin de remplacer les métiers, les transforme de manière différenciée, suscitant parfois des résistances légitimes ou des usages détournés qui invitent à repenser les modalités de son déploiement. Cela suppose de revoir la conduite de ces projets, la gestion des compétences — en formant les collaborateurs au fonctionnement de l’IA, aux enjeux éthiques, à la littératie des données ou encore à l’usage des bibliothèques de prompts — et à renforcer leur implication dans la dynamique d’émergence de ces technologies au sein des organisations.
Dans une dernière partie, les intervenants aborderont les enjeux inédits que soulève l’IA pour les entreprises en matière de gouvernance, de responsabilité et d’impact environnemental. Tout au long du parcours, ils adopteront une approche systémique en mettant en évidence les effets réciproques des logiciels d’IA sur les processus, le management de l’innovation, la prise de décision, ainsi que sur les transformations culturelles et organisationnelles qu’ils engendrent.
Pedro Gomes Lopes, doctorant, i3CRG, École Polytechnique et directeur des activités de conseil, The Swarm Initiative
Bruno Daunay, Head of AI Program, Leonard (VINCI)
Quentin Panissod, CEO, The Swarm Initiative, coordinateur du projet RenovAIte, Leonard (Groupe VINCI)
Le consortium franco-allemand RenovAIte, mené par le groupe VINCI, développe des technologies d’intelligence artificielle pour l’ensemble de la chaîne de valeur de la rénovation des logements et des routes en Europe, avec l'objectif affiché d'améliorer la performance environnementale et économique de cette activité essentielle à la réussite de la transition écologique en cours. Pedro Gomes Lopes, Quentin Panissod et Bruno Daunay sont tous trois au coeur de ce projet concret, à visée opérationnelle, témoigneront des défis que pose celui-ci (compétences, management de l'innovation, prise de décision, culture organisationnelle...) et les solutions qui ont été trouvées.
Thierry Rayna est professeur de management de l'innovation à l'École polytechnique et chercheur au CNRS. Après une décennie passée au Royaume-Uni, notamment à l'Université de Cambridge, la LSE, l'UCL et l'Imperial College London, il a rejoint l'École polytechnique en 2017. Titulaire d'un doctorat en économie et d'une habilitation à diriger des recherches en sciences de gestion, ses travaux portent sur l'impact des technologies numériques (impression 3D, IoT, blockchain, IA, etc.) sur les modèles d'affaires et la stratégie des entreprises. Il dirige la chaire "Technology for Change" de l'Institut polytechnique de Paris, financée par Accenture, et co-dirige la chaire "Innovation et régulation des services numériques" financée par Orange. Il est également rédacteur associé de l'International Journal of Manufacturing Technology and Management et membre du comité de rédaction de la Revue d'économie industrielle.
Vicky Kalogeiton est professeure assistante en Computer Vision par ordinateur à l'École Polytechnique, affiliée à l'équipe VISTA du laboratoire d'informatique (LIX). Elle a obtenu son habilitation à diriger des recherches (HDR) en 2024. Ses recherches se concentrent sur l'apprentissage multimodal, notamment la génération d'images à partir de texte, la compréhension vidéo utilisant le texte et l'audio, ainsi que les applications médicales multimodales. Auparavant, elle était chercheuse à l'Université d'Oxford et a obtenu son doctorat à l'Université d'Édimbourg et à l'INRIA Grenoble. Elle est également impliquée dans l'encadrement de doctorants et la collaboration avec des chercheurs internationaux.
Jean-Loup Loyer est ingénieur aéronautique de formation et titulaire d'un doctorat en maintenance prédictive (MIT-Rolls Royce-Université de Lisbonne). Il a été data scientist chez L'Oréal, contribuant à la mise au point de nouveaux produits en analysant la composition chimique et les caractéristiques des produits. Depuis 2018, il occupe le poste de Chief Data & AI Officer chez Eramet, où il est responsable de l'analyse et de la gouvernance des données, ainsi que de leur valorisation à travers des projets de data science, de machine learning et d'IA.
Après sept années dans le domaine du conseil en organisation et management des systèmes d'information, Pedro Gomes Lopes réalise actuellement un doctorat au Centre de Recherche en Gestion (i3-CRG) à l'École Polytechnique. Ses travaux sont menés sous forme de recherche-action, en immersion au cœur de l'équipe de coordination du consortium de RenovAIte, mené par le groupe VINCI. Ses recherches portent sur l'étude d'un écosystème d'innovation explorant le potentiel de l'intelligence artificielle au service du développement durable.
En parallèle, Pedro Gomes Lopes dirige les activités de conseil de The Swarm Initiative, une coopérative de consultants spécialisée dans l'accompagnement des entreprises vers des transitions durables et l'intégration de l'impact au cœur de leur stratégie de RSE.
Quentin Panissod est aujourd'hui le CEO et le Directeur conseil IA de The Swarm Initiative. Il travaille en parallèle au sein de Leonard, la plateforme de prospective et d'innovation du Groupe VINCI, qu'il a rejoint en 2018 en tant que AI Lead. Depuis 2022, il y assure la coordination du projet RenovAIte. Quentin Panissod est également le cofondateur de AI for Tomorrow, une "non profit initiative" qui prend la forme d'une communauté autour de l'AI for Good qui se donne pour mission de (ré)inventer le monde de demain grâce à l'intelligence artificielle
Bruno Daunay est depuis six ans à la tête du programme IA de Leonard, la plateforme de prospective et d'innovation de VINCI. Il a occupé différentes fonctions au sein de VINCI, tout d’abord en tant que responsable du Project Management Office pour le projet de LGV Tours-Bordeaux, puis en temps que responsable d’affaire au sein d’Actemium (VINCI Energies) en charge du développement d’applications informatiques dédiées pour l’industrie dans un premier temps, puis en charge de l’innovation et du développement de l’axe intelligence artificielle au sein de l’entreprise dans un deuxième temps. Bruno Daunay est docteur en robotique et a effectué un post-doctorat à l'Université de Tokyo. Il a enseigné la mécanique et l'informatique à Sorbonne-Université.
Ouverte à tous les cadres d’entreprise, cette formation s’adresse tout particulièrement aux fonctions et métiers pour qui l'IA est désormais au coeur de leur activité : IT, Data & IA, mais également Innovation, Supply Chain, Contrôle de gestion, directions générales et directions Stratégie... Elle s'adresse également à toutes les personnes en charge de l'évolution des compétences, de la conduite du changement et de la transformation.
1 séance en présentiel de 3h30, 2 webinaires de 3h, soit 9h30
2 790 € HT (3 348 € TTC)
Adhérents Anvie: 1 953 € HT (2 343,60 € TTC)
Aucun
Questionnaire d’analyse des attentes en amont du parcours
Évaluation en fin de parcours
Les sessions en distanciel se dérouleront sur Teams.
Toutes nos sessions en présentiel se déroulent dans Paris intra-muros.
Le lieu de la formation vous sera communiqué lors de l'envoi des convocations. Les locaux sont accessibles aux personnes en situation de handicap.
Notre référent Handicap est disponible au 01 40 48 63 72 afin d’identifier avec vous les adaptations nécessaires à votre participation.
Pour tout renseignement complémentaire concernant cette formation, contactez Didier Davillars au 07 82 29 95 40
ou par mail : didier.davillars@anvie.fr